8 avr. 2015

[Fr] Invictus et autres poèmes de W. E. Henley ¤ [En] Invictus and Other Poems of W. E. Henley

[Fr]

[En]

Né le 23 Août 1849, William Ernest Henley meurt le 11 Juillet 1903 de la tuberculose dont  il souffre depuis ses 12 ans.

A l’exception peut-être des aficionados de la littérature anglaise ou la vie de Nelson Mandela, le nom de William Ernest Henley n’évoquera probablement rien au lecteur français, pas même son poème le plus connu : Invictus.

Pour la petite anecdote, en 1875, après l’amputation sous genoux de sa jambe gauche,  Henley s’est opposé à l’amputation de sa seconde jambe. Elle sera sauvée par la suite grâce aux soins du chirurgien Joseph Lister.
Le poème est écrit lors de sa convalescence mais ne sera publié qu'en 1888, et comme chacun de ses poèmes, il n’a pas de titre. Il s’agit en fait d’un ajout de l’éditeur Arthur Quiller-Couch lors de la publication de son anthologie de poésie anglaise en 1900 : The Oxford Book of English Verse, 1250-1900.

Born on August 23rd 1849, William Ernest Henley died on July 11th 1903 of tuberculosis from which he suffered since age 12.

With maybe the exception of the aficionados of the English literature or of Nelson Mandela’s life, the name of William Ernest Henley is unlikely to remind anything to a French reader, not even his best known poem: Invictus.

On a side note, in 1875, after the amputation of his left leg below the knee, Henley went against the amputation of his other leg. It was saved later on thanks to the surgeon Joseph Lister.
The poem was written when convalescing but will only be published in 1888, and like any of his poems, it was untitled. The title is actually an addition made by editor Arthur Quiller-Couch with the publication of his anthology of English poetry in 1900: The Oxford Book of English Verse, 1250-1900.



Invictus - William Ernest Henley (by Alan Bates)
TV-Commercial Series "Poems 1997", which has been broadcasted on CNN.


En 1883, Henley inspire à son ami Robert Louis Stevenson le personnage de Long John SilverL’île au trésor.

En 1904, à son tour, Margaret, la fille de Henley morte en 1894 des suites d’une méningite à l’âge de 5 ans, inspire à James Matthew Barrie le personnage de WendyPeter Pan, publié sous forme de roman en 1911. Elle l’appelait Fwendy-wendy.

In 1883, Henley inspired his friend Robert Louis Stevenson to create the Long John Silver character – Treasure Island.

In turn, in 1904, Margaret, the daughter of Henley deceased in 1894 of meningitis at age 5, inspired James Matthew Barrie to create the Wendy character – Peter Pan, published as a novel in 1911. She used to call him Fwendy-wendy.

William Ernest HenleySculpture de Auguste Rodin - 1886

En 1898 est publiée la première édition d’un recueil regroupant l’ensemble des poèmes de William Ernest Henley : Poems – A Book of Verses – London Voluntaries.

Ce recueil se divise en 5 parties : In Hospital, Bric-à-brac, Echoes, London Voluntaries, Rhymes and Rhythms.

Les 4 poèmes choisis qui suivent sont tous tirés de Echoes. Les traductions françaises me sont toutes propres.

In 1898 was published the first edition of a collection gathering all of William Ernest Henley’s poems together: Poems – A Book of Verses – London Voluntaries.

This collection is divided in 5 parts: In Hospital, Bric-à-brac, Echoes, London Voluntaries, Rhymes and Rhythms.

The 4 chosen poems below are all taken from Echoes. The French translations are entirely mine.


IV ¤ Invictus (1875)

Du cœur de la nuit qui me drape,
  Noire comme l’Abîme d’un pôle à l’autre,
Je remercie les dieux quels qu’ils puissent être
  Pour mon âme invulnérable.

Soumis aux cruelles conjonctures
  Je n’ai ni grimacé ni ne me suis écrié.
Sous les soufflets de la fortune
  Ma tête est ensanglantée, mais haute dressée.

Delà ce lieu d’ire et de larmes,
  Ne sourd que l’Horreur de la sombreur,
Et pourtant la menace de l’âge
  Ne trouve, et ne trouvera, en moi nulle peur.

Qu’importe l’étroitesse du passage,
  Les maints châtiments du parchemin.
Je suis le maître de mon destin :
  Je suis le capitaine de mon âme.

Out of the night that covers me,
  Black as the Pit from pole to pole,
I thank whatever gods may be
  For my unconquerable soul.

In the fell clutch of circumstance
  I have not winced nor cried aloud.
Under the bludgeonings of chance
  My head is bloody, but unbowed.

Beyond this place of wrath and tears
  Looms but the Horror of the shade,
And yet the menace of the years
  Finds, and shall find, me unafraid.

It matters not how strait the gate,
  How charged with punishments the scroll.
I am the master of my fate:
  I am the captain of my soul.


V (1875)

Je suis la Faucheuse.
Toute chose au crochet aux aguets
Silencieuse il me semble.
Les pâles roses caressées par le printemps,
Les hauts épis de blé en été,
Les fruits riches de l’automne, et les fleurs du frêle hiver –
Faucher, faucher encore –
Toute chose au crochet aux aguets
Opportune il me semble.

Je suis le Semeur.
Toute la vie désincarnée
Passe par ma toile à grains.
L’atome à l’atome marié,
Chacun exaltant l’autre,
Glisse entre mes doigts, toujours différent, toujours identique.
Sans cesse semer,
La vie, l’incorruptible vie,
S’écoule de ma toile à grains.

Créateur et briseur,
Je suis la crue et la décrue,
L’Instant et l’Instant d’Après,
Précipités entre les lacis et les volutes
De l’infinie nature,
Aveugle et silencieux je façonne tout être.
Preneur et donneur,
Je suis le ventre de la mère et la sépulture,
Le Temps Présent et le Sempiternel.


I am the Reaper.
All things with heedful hook
Silent I gather.
Pale roses touched with the spring,
Tall corn in summer,
Fruits rich with autumn, and frail winter blossoms—
Reaping, still reaping—
All things with heedful hook
Timely I gather.

I am the Sower.
All the unbodied life
Runs through my seed-sheet.
Atom with atom wed,
Each quickening the other,
Fall through my hands, ever changing, still changeless.
Ceaselessly sowing,
Life, incorruptible life,
Flows from my seed-sheet.

Maker and breaker,
I am the ebb and the flood,
Here and Hereafter,
Sped through the tangle and coil
Of infinite nature,
Viewless and soundless I fashion all being.
Taker and giver,
I am the womb and the grave,
The Now and the Ever.


XXIV (1876)

La vastitude de la mer se déchaîne et tonne
  Dans la gloire et l’allégresse.
Ô, m’ensevelissez point dans la terre insensible
  Mais dans la mer pétrie de vie !

Ah, ensevelissez-moi là où elle jaillit
  A un millier de lieux de la grève,
Et dans son intranquillité fraternelle
  Je vagabonderai à jamais.


The full sea rolls and thunders
  In glory and in glee.
O, bury me not in the senseless earth
  But in the living sea!

Ay, bury me where it surges
  A thousand miles from shore,
And in its brotherly unrest
  I’ll range for evermore.



XXXI (1877)

Ô, avez-vous béni, au-delà des astres,
  L’éclat bleuté dans les cieux,
Quand Juin les roses autour d’elle s’exclame ? —
Discernez-vous alors la lueur qui choit
  De ses bien-aimés yeux.

Et avez-vous éprouvé ce sentiment  de paix
  Que procurent les matutinales prairies ? —
Discernez-vous alors l’esprit de grâce,
L’ange indulgent sur son visage,
  Qui rend agréable la vie.

Elle brille devant moi, rêve et espoir,
  Si belle, si calme, si sage,
Que, la conquérant, je semble conquérir
Delà la terre et le travail et le tapage,
  Un bout de Paradis.
O, have you blessed, behind the stars,
  The blue sheen in the skies,
When June the roses round her calls?—
Then do you know the light that falls
  From her belovèd eyes.

And have you felt the sense of peace
  That morning meadows give?—
Then do you know the spirit of grace,
The angel abiding in her face,
  Who makes it good to live.

She shines before me, hope and dream,
  So fair, so still, so wise,
That, winning her, I seem to win
Out of the dust and drive and din
  A nook of Paradise.


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