5 nov. 2014

[Fr] L'acte de traduction, la randonnée d'un artisan des mots ¤ [En] The Act of Translation, a Wordsmith Hike

2013-07 28 ¤ Path Shadow

[Fr]

[En]

On se lance dans une traduction comme on part en randonnée – préparé !

On repère le terrain. On détermine le but à atteindre. On doit être en forme. On s’arme de bonnes chaussures de marche, d’un bâton de marche (ou pas) et d’un sac-à-dos chargé du nécessaire :
  • casse-croûte, eau, change, couchage, trousse de toilette et vêtements pour le bien-être du randonneur,
  • cordage, couteau de survie, briquet, lampe torche et piles de rechange, de quoi se protéger du froid et du soleil et trousse de secours pour sa survie,
  • carte et boussole pour se diriger.


One embarks on a translation as they would a hiking – prepared!

You get some field recon carried out. You determine a goal to reach. You have to be in good shape. You get yourself equipped with fitting hiking boots, hiking stick (or not) and a backpack loaded with necessities:
  • snacks, water, spare, sleeping bag, toilet kit and clothes for the hiker’s well-being,
  • rope, survival knife, lighter, flashlight & spare batteries, protective gear against the cold & the sun and first-aid kit for their survival,
  • map and compass to find their way.


Le terrain, c’est le livre, l’histoire à traduire. Il faut en repérer les difficultés, les pièges, les ravins et se méfier des faux-plats.

Si pour le randonneur le but à atteindre est d’aller du point A au point B, celui du traducteur est de capturer l’essence d’un livre écrite dans une langue source et de la transcrire dans une langue cible, de faire ressentir aux lecteurs de la langue cible les émotions que le traducteur a lui-même ressenti lors de sa lecture dans la langue source.

Tout comme le randonneur se repère et se dirige grâce à la carte et à la boussole, la connaissance de la langue source et le contexte permettent au traducteur de s’atteler à la tache. La première nous évite de tomber dans les écueils et nous permet de déchiffrer les subtilités. Le second sert de fil d’Ariane, il s’agit du contexte et de la poétique de l’auteur – le vocabulaire, la syntaxe, les idiosyncrasies, le sel culturel.

The field is the book, the story to be translated. You have to identify its difficulties, its traps, its gullies and to be wary of its false flats.

If the hiker’s goal to reach is to go from point A to point B, the translator’s one is to capture the essence of a book written in a source language and to transcribe it, to make the target-language-speaking readers feel the emotions the translator felt themselves during their reading in the source language.

Just like the hiker spots their location and finds their way thanks to the map and compass, the command of the source language and context allow the translator to tackle their task. The former prevents you from falling into pitfalls and enables you to decipher the subtleties. The latter serves as Ariadne’s thread, it’s about context and the author’s poetic licence – vocabulary, syntax, idiosyncrasies, cultural flavor.

A fortiori lors d’une marche en solo, le randonneur doit s’assurer d’être en bonne condition physique, d’avoir les chaussures adéquates et pourquoi pas un bâton de marche.
Il en va de même pour le traducteur : il entretient sa maîtrise de la langue cible (c’est-à-dire sa langue maternelle), il s’équipe de dictionnaires et parfois d’autres outils linguistiques pour assurer sa progression.

Even more so if they’re going solo, the hiker has to make sure they are in good shape, they wear fitting footwear and why not a hiking stick. 
It also applies to the translator: they have to maintain their command of the target language (namely their mother tongue), to gear up with dictionaries and sometimes with other linguistic tools in order to insure their progression.

Ensuite, vient la préparation du sac-à-dos, à commencer par l’essentiel au bien-être du randonneur : l’eau, le casse-croûte, le couchage, une trousse de toilette et des vêtements.
Comme tout être humain, randonneur et traducteur doivent s’hydrater, se sustenter, faire des pauses, prendre soin de soi et se changer.

Dans le sac-à-dos du randonneur se trouvera également du cordage, un couteau de survie, un briquet, un lampe torche et ses piles de rechange, de quoi se protéger du froid et du soleil, sans oublier la trousse de secours en cas de pépin.
En cas de difficulté, le traducteur lui sera armé de ses procéder de traduction : l’adaptation, l’emprunt, le calque, la compensation, la paraphrase et la note de traduction. Et si vraiment ça coince, que l’on trébuche ou que l’on a un doute, sauf exception, l’auteur sera ravi d’éclairer nos lanternes, alors pourquoi hésiter à recourir au joker Appel à un ami correspondre avec lui ?

Then comes the preparation of the backpack, starting with the essential to the hiker’s well-being: water, snacks, sleeping bag, toilet kit and clothes.
Just like any other human being, hiker and translator have to keep hydrating, feed, take breaks, take care of themselves and change.

Inside a hiker’s backpack, you’ll also find rope, survival knife, lighter, flashlight and spare batteries, protective gear against the cold and the sun, not forgetting the first-aid kit in case of mishap.
As for the translator, should there be a problem, they’ll arm themselves with translation procedures: adaptation, borrowing, calque, compensation, paraphrase and translator’s note. And if really there is a hitch, you stumble or you have a doubt about something, exception aside, the author will be delighted to provide us with enlightenment, so why not resort to the Phone-a-Friend lifeline get in touch with them?

10 oct. 2014

[Fr] Le Corbeau d'E.A. Poe ¤ [En] The Raven by E.A. Poe


[Fr]

[En]

Rien que pour le plaisir et anecdotiquement parce que le 7 octobre dernier était le 165ème anniversaire de la mort d’Edgar Allan Poe, voici ma traduction des deux premières strophes du plus célèbre de ses poèmes.

N’en déplaise à William Little Hughes (1862 ?), Charles Baudelaire (1865), Stéphane Mallarmé (1875) et Maurice Rollinat (1926) pour leur traduction.
Just for fun and on a side note because the last 7th of October was the 165th anniversary of Edgar Allan Poe’s passing, here is the first two stanzas of his most famous poem.

With all due respect to William Little Hughes (1862?), Charles Baudelaire (1865), Stéphane Mallarmé (1875) and Maurice Rollinat (1926) for their translation.

Once upon a midnight dreary, while I pondered, weak and weary,
Over many a quaint and curious volume of forgotten lore —
While I nodded, nearly napping, suddenly there came a tapping,
As of some one gently rapping, rapping at my chamber door.
“ ’Tis some visiter,” I muttered, “tapping at my chamber door —

Only this and nothing more.”
 Ah, distinctly I remember it was in the bleak December;
And each separate dying ember wrought its ghost upon the floor.
Eagerly I wished the morrow; — vainly I had sought to borrow
From my books surcease of sorrow — sorrow for the lost Lenore —
For the rare and radiant maiden whom the angels name Lenore — 

Nameless here for evermore. 

Par une mi-nuit funeste, alors que je méditais, faible et fatigué,
Sur maints étranges et singuliers volumes de traditions surannées –
Alors qu’assoupi je dodelinais de la tête, soudain se fit un tapotement,
Comme si doucement l’on grattait, grattait à la porte de ma chambre.
« Quelque visiteur ce doit être, marmonnais-je, qui tapote à la porte de ma chambre –

Rien que cela et rien de plus. » 

Ah ! je garde le souvenir clair et distinct de ce décembre glacial ;
Et chacune des braises agonisantes ciselait son spectre sur le plancher.
Ardemment ai-je désiré le petit matin ; – vainement ai-je cherché à emprunter
De mes livres un sursis au chagrin – chagrin pour l’éteinte Lénore –
Pour cette nymphe radieuse et précieuse que les anges nomment Lénore – 

Qu’on ne nommera céans jamais plus.



28 sept. 2014

[Fr] Catch-22 quésaco ? ¤ [En] Catch-22 whatzis?


[Fr]

[En]

That’s a real Catch-22.

Chose curieuse, une fois que vous tombez sur une expression typique, propre à une culture, elle ne cesse d’apparaître ici et là les jours qui suivent.

Catch-22 fait partie de ces expressions issues d’un film ou d’un roman populaire qui deviennent idiomatiques et font la richesse d’une culture.

That’s a real Catch-22.

Funny thing is, once you stumble upon a typical expression, specific to a culture, it never stops popping up here and there throughout the following days.

Catch-22 is one of those expressions taken from a popular movie or novel that turn into colloquialisms and make the wealth of a culture.


Source

I ¤ Origine

L’expression américaine vient du roman Catch-22 de Joseph Heller (1961).

Livre culte des pacifistes opposés à la guerre du Viêt Nam, ce roman satirique met en scène une escadron d’aviateurs au cours de la Seconde Guerre Mondiale – dont le héros tragi-comique : John Yossarian, Capitaine de l’US Air Force et navigateur-bombardier de B-25 – basée sur la petite île italienne de Pianosa.

Catch-22 fait référence à l’article 22 du règlement de la base de l'US Air Force: Quiconque veut être dispensé d'aller au feu n'est pas complètement fou.

I ¤ Origin

The American expression comes from Joseph Heller’s novel Catch-22 (1961).

Cult book of the anti-Vietnam-War pacifists, this satirical novel stages a squadron of pilots during the Second World War – among them the tragic-comic hero: John Yossarian, US Air Force Captain and B-25 bombardier – stationed on the small Italian island Pianosa.

Catch-22 refers to point 22 of the US Air Force base regulations: Anyone who wants to get out of combat duty isn't really crazy.


Joseph Heller dans son bureau de New York City, 1965

II ¤ La source

Voici un extrait du Chapitre 5 du roman de Joseph Heller où la notion est explicitée :

Yossorian le considéra posément et tenta une autre approche : « Orr est-il cinglé ?
— Et comment qu’il l’est, répondit Doc Daneeka.
— Pouvez-vous le réaffecter au sol ?
— Et comment que je peux. Mais il doit d'abord m'en faire la demande. C'est la règle.
— Alors pourquoi ne le fait-il pas ?
— Parce qu’il est cinglé, fit Doc Daneeka. Il ne peut qu’être cinglé pour continuer les missions de combats aériens après l’avoir autant échappé belle. Bien sûr, je peux 
réaffecter Orr au sol. Mais il doit d'abord m'en faire la demande.
— Il n’a que ça à faire pour qu’on le 
réaffecte au sol ?
— Que ça. Qu’il en m'en fasse la demande.
— Et ensuite vous pouvez le 
réaffecter au sol ? demanda Yossarian.
— Non. Ensuite je ne peux pas le réaffecter au sol.
— Vous voulez dire qu’il y a un hic ?
— Bien sûr qu’il y a un hic, répliqua Doc Daneeka. Clause 22 : Quiconque veut être dispensé d'aller au feu n'est pas complètement fou. »
Il n’y avait qu’un seul hic et c’était la Clause 22, il stipule que de s’inquiéter de sa sécurité face à un danger réel et immédiat était le fruit d’un esprit rationnel. Orr était fou et pouvait être réaffecté au sol. Tout ce qu’il devait faire c’était d'en faire la demande – et dès lors qu’il le faisait, il n’était plus considéré comme fou et devait partir en missions de combats aériens. Orr serait fou de partir 
sur plus de missions et sain d’esprit s’il ne le faisait pas, mais s’il était sain d’esprit il devait y aller. S’il partait en mission, il était fou et n’était pas tenu de partir ; s’il ne voulait pas, il était sain d’esprit et devait partir. Yossarian était bouleversé au plus haut point par la simplicité indiscutable de cette Clause 22 et laissa échapper un sifflement empreint de respect.
« Ça, c’est du hic, cette Clause 22, observa-t-il.
— On ne peut pas faire mieux, acquiesça Doc Daneeka. »

II ¤ The source

Here is an excerpt from Chapter 5 of Joseph Heller’s novel in which the notion is made plain obvious:

Yossarian looked at him soberly and tried another approach. "Is Orr crazy?"
"He sure is," Doc Daneeka said.
"Can you ground him?"
"I sure can. But first he has to ask me to. That's part of the rule."
"Then why doesn't he ask you to?"
"Because he's crazy," Doc Daneeka said. "He has to be crazy to keep flying combat missions after all the close calls he's had. Sure, I can ground Orr. But first he has to ask me to."
"That's all he has to do to be grounded?"
"That's all. Let him ask me."
"And then you can ground him?" Yossarian asked.
"No. Then I can't ground him."
"You mean there's a catch?"
"Sure there's a catch," Doc Daneeka replied. "Catch-22. Anyone who wants to get out of combat duty isn't really crazy."
There was only one catch and that was Catch-22, which specified that a concern for one's safety in the face of dangers that were real and immediate was the process of a rational mind. Orr was crazy and could be grounded. All he had to do was ask; and as soon as he did, he would no longer be crazy and would have to fly more missions. Orr would be crazy to fly more missions and sane if he didn't, but if he was sane he had to fly them. If he flew them he was crazy and didn't have to; but if he didn't want to he was sane and had to. Yossarian was moved very deeply by the absolute simplicity of this clause of Catch-22 and let out a respectful whistle.
"That's some catch, that Catch-22," he observed.
"It's the best there is," Doc Daneeka agreed.

III ¤ La logique d'un 'Catch-22'

La formulation logique de la situation peut être décrite comme suit :

#1 Prédicat (D ® (F Ù E)) :
Pour qu'un individu soit dispensé de vol (D) au motif de la folie, il doit à la fois être fou (F) et demander à être évalué (E).

#2 Prédicat (F ® ¬E) :
Un individu fou (F) ne demande pas à être évalué (¬E) parce qu'il n'a pas conscience d'être fou.

#3 Implication de #2 (¬F Ú ¬E) :
Soit l'individu n'est pas fou (¬F), soit il ne demande pas être évalué (¬E)

#4 Règles d'algèbre booléennes appliquées à #3 (¬(F Ù E)) :
Aucun individu ne peut à la fois être fou (F) et demandé à être évalué (E).

#5 Déduction faite de #1 et #4 (¬D) :
Donc, aucun individu ne peut être dispensé de vol (¬D) puisqu'aucun individu ne peut à la fois être fou et demandé à être évalué.

III ¤ The logic of a 'Catch-22'

The logical formulation of the situation can be seen as such:

#1 Premise (E ® (I Ù R)):
For a person to be excused from flying (E) on the grounds of insanity, they must both be insane (I) and have requested an evaluation (R).

#2 Premise (I ® ¬R):
An insane person (I) does not request an evaluation (¬R) because they do not realize they are insane.

#3 Implication of #2 (¬I Ú ¬R):
Every person is either not insane (¬I) or does not request an evaluation (¬R).

#4 Boolean algebra laws applied to #3 (¬(I Ù R)):
No person can be both insane (I) and request an evaluation (R).

#5 By inference from #1 and #4 (¬E):
Therefore, no person can be excused from flying (¬E) because no person can be both insane and have requested an evaluation.

Source

IV ¤ La notion

Le roman de Joseph Heller a eu un tel succès à l’époque de sa parution que le titre Catch-22 est très vite passé dans le langage courant américain.

Que ce soit le Cambridge Dictionary, leLongman Dictionary of Contemporary English ou le MacMillan Dictionary, l’expression Catch-22 est défini par une situation impossible où vous êtes dans l’incapacité de faire une chose à moins d’en avoir faite une autre que vous ne pouvez pas faire tant que la première n’a pas été faite.
Définition qui correspond à la situation vécue par les héros du roman.

Le Merriam-Webster et le Collins apportent une définition alternative en plus de la définition initiale. L’expression Catch-22 est défini par une situation présentant deux alternatives aussi indésirable l’une que l’autre – en d’autres termes une situation inextricable, une situation sans issue ou tout simplement, une situation perdant-perdant.
Cette définition fait l’impasse sur le lien d’exclusion mutuelle qui existe entre chaque alternative.

Seul le Merriam-Webster apporte en complément des définitions simplifiées de Catch-22. L’expression décrit une situation illogique, absurde ou insensée (soit une situation ubuesque), une mesure ou règle dont l’effet est contraire à celui escompté ou une difficulté cachée ou une manière de tendre un piège (soit une entourloupe ou une embuscade).

L’expression est souvent employée à mauvais escient et caractérise ces définitions simplifiées données par le Merriam-Webster et le Collins. A tel point que pour insister sur le fait que l’on l’emploie pour caractériser son sens premier, l’expression devient a real Catch-22

IV ¤ The notion

Joseph Heller’s novel was such a success at the time it came out that the title Catch-22 quite soon became part of the American everyday speech.

Whether it be the Cambridge Dictionary, the Longman Dictionary of Contemporary English or the MacMillan Dictionary, the colloquialism Catch-22 is defined as an impossible situation where you are prevented from doing one thing until you have done another thing that you cannot do until you have done the first thing.
Definition in accordance with the situation experienced by the heroes of the novel.

The Merriam-Webster and the Collins provide an alternative definition on top of the original one. The colloquialism Catch-22 is defined as a situation presenting two equally undesirable alternatives – in other words an impossible position, a dead-end or simply a lose-lose situation.
This definition misses out the link of mutual exclusion existing between both alternatives

Only the Merriam-Webster provides complementary simplified definitions of Catch-22. The colloquialism describes an illogical, unreasonable, or senseless situation (that is to say an Ubuesque situation), a measure or policy whose effect is the opposite of what was intended or a hidden difficulty or means of entrapment (that is to say a catch or an ambush).

The colloquialism often is unwisely used and characterizes those simplified definitions given by the Merriam-Webster and the Collins. So much so that in order to underline the fact that it is used to characterize its primary sense, the colloquialism becomes a real Catch-22.


V ¤ Traductions française existantes et remarques

En 1964, de part la traduction même du roman de Joseph Heller par Pierre Singer, a catch-22 est un attrape-nigaud.
Un attrape-nigaud est une ruse grossière et se traduit par confidence trick.
Or, par principe, la traduction d’un néologisme par un terme ou une expression du langage courant me paraît inadéquate.

En 1986, l’Office Québécois de la Langue Française privilégie les termes impassesituation sans issue et cercle vicieux. Chacun de ces termes ont des équivalents anglais : respectivement impasse, dead-end et vicious circle.
Si les deux premiers termes correspondent aux définitions simplifiées de l’expression Catch-22, le troisième lui correspond à un ensemble de causes et d’effets qui dégradent une situation.
Or une situation qui se dégrade n’est pas, par définition, une situation impossible.

Pour le Larousse, il s’agit d’une situation sans issue ou d’un cercle vicieux.

Pour le Collins, il s’agit d’une situation inextricable.
De la même manière, le terme correspond à l’une des définitions simplifiées de l’expression et possède son équivalent anglais : impossible position.

V ¤ Existing French translations & remarks

In 1964, because of the very translation of Joseph Heller's novel by Pierre Singer, a catch 22 is un attrape-nigaud.
Un attrape-nigaud is a cheap trick and is translated by confidence trick.
Now, out of principle, translating a neologism by a term or an expression of the common language seems inappropriate to me.

In 1986, the Office Québécois de la Langue Française favoured the terms impassesituation sans issue and cercle vicieux. Each of these terms has an English equivalent: respectively, impassedead-end and vicious circle.
If the first two terms correspond to the simplified definitions of the colloquialism Catch-22, the third corresponds instead to a series of causes and effects that gradually damages a situation.
However a situation that is gradually damaged is not, by definition, an impossible situation.

According to the Larousse, it is about une situation sans issue or un cercle vicieux.

According to the Collins, it is about une situation inextricable.
Similarily, the term  corresponds to one of the simplified definitions of the colloquialism and has its English equivalent: impossible position.

VI ¤ Réflexions et proposition

La première traduction française du roman de Pierre Singer date de 1964 et la seconde, de Brice Matthieussent, de 2004. Le roman de Joseph Heller a eu un tel succès à l’époque de sa parution en 1961 que Catch-22 est très vite passée dans le langage courant américain. Que la traduction sorte 3 ou 43 ans après l’original, la question reste la même : traduire ou ne pas traduire le titre ?

Si on parle d’article pour une loi, on parle de point ou de clause pour un règlement particulier (d'une base militaire ou non).
Si article et point ont une connotation pour le moins neutre et évoquent quelque chose de carré, il en va tout autrement pour clause. Dans l’inconscient collectif français, la clause fait penser à cette note de bas de page qui passe généralement inaperçue, une condition de derrière les fagots qui ne penche généralement pas en notre faveur. Clause a donc une connotation plutôt négative.

Dans le cas du roman de Joseph Heller, le point 22 du règlement de la base de l'USAF est une condition bien particulière : une condition qui autorise au commandement de la base de faire tout ce qui ne peut lui être empêché (Chapitre 39) et dont on ne peut prouver si elle existe vraiment puisque personne ne l’a jamais lue et que personne n’est autorisé à la lire de par le point 22 (Chapitre 40).
Son but est d’interdire à un soldat de faire ou d’obtenir ce qu’il serait en droit de faire ou d’obtenir.
Le point 22 n’est donc pas tant un point de règlement de la base qu’une condition de derrière les fagots du genre de ces notes de bas de page. On appellera donc le point 22 la clause 22.

VI ¤ Reflections & proposition

The first French translation of the novel by Pierre Singer dates from 1964 and the second, by Brice Matthieussent,  dates from 2004. Joseph Heller's novel was such a hit at the time of its publication in 1961 that the Catch-22 very soon passed into the common American language. Whether the translation be published 3 or 43 years after the original, the question remains the same: should the title be translated or not?

If you talk about an article of law, you talk about a point or a clause of   specific regulations (milirary or not).
If article and point have a rather neutral connotation and evoke something straightforward, the same certainly cannot be said for clause. In French collective unconscious, the clause calls this footnote that generally goes unnoticed to mind, a condition from under the counter that generally doesn't tip the scale in our favour. Clause hence has a rather negatvie connotation.

In the case of Joseph Heller's novel, le point 22  is  quite a special condition of the USAF base regulations: a condition that allows base command to do anything they can't be stopped from doing (Chapter 39) and of which very existence can't bo proved since noone ever read it and noone is allowed to read it because of le point 22 (Chapter 40).
Its aim is to forbid a soldier to do or obtain what they should have the right to do or obtain.
Then le point 22 isn't so much un point of the base regulations as a condition from under the counter of the footnote kind. Le point 22 will then be called la clause 22.

Puisque Catch-22 fait référence au point 22 du règlement de la base, l’idée de traduire le terme catch en utilisant le jargon militaire français semblerait acceptable. Le terme piège à cons s’impose alors.
L’inconvénient de cette option réside dans la disparité entre les   registres de langue de la langue source (familier) et de la langue cible (argot).

Littéralement, et dans le contexte du roman, a catch est une difficulté dissimulée ou un obstacle, ce qui se traduirait par une entourloupe – mauvaise plaisanterie, propos fantaisistes ou mauvais tour destinés à duper quelqu'un, irrégularité – ou un hic – point délicat ou obstacle majeur. Le registre de langue des langues source et cible sont identiques (familier).
Cependant, de par le roman lui-même, a catch-22 est un terme qui suggère un obstacle majeur plutôt qu’une mauvaise plaisanterie. La clause n’est en aucun cas un jeu et n’a pas vocation à être drôle; même si l’absurdité des situations peut prêter à rire jaune. Et la clause est d’autant moins une irrégularité qu’elle fait partie du règlement de la base, que l’existence même de cette clause soit avérée ou non.
Traduire a catch par un hic semble alors le plus judicieux.

Autre élément qui penche vers cette solution : en anglais américain, un hic se dit a snag et se définit par un point délicat / un obstacle inattendu ou dissimulé.

Since Catch-22 refers to the point 22 of the base regulations, the idea of translating the term catch by using the French military jargon would seem acceptable. Then the term piège à cons is self-evident.
The disadvantage  of this option is the language register  discrepancy between the source language (informal) and the  target language (slang).

Literally, and in accordance with the context of the novel, a catch is a hidden difficulty or an obstacle, which could be translated by une entourloupe – a jibe, fanciful words or a dirty trick meant for duping someone, an irregularity  – or un hic – a tricky point or a major obstacle.
The language register is the same for both the source language and the target language (informal).
However, because of the novel itself, a catch-22 is a term that suggests a major obstacle rather than a dirty trick. The point isn't by any means a game nor is it meant to be funny; even though the absurdity of the situations can give rise to sour laughter. And the point is even less so an irregularity given that it is part of the base regulations, whether its very existence be proven or not.
Then translating a catch by un hic seems to be the wisest.

Another element in favour of this solution: in American English, un hic is a snag and is defined as an unexpected or hidden tricky point / obstacle.

Toutefois, si dans That's some catch, that Catch-22! la répétition de catch passe très bien en anglais, son calque en français Ça,   c’est du hic, ce Hic-22 ! ne passe pas du tout, contrairement à l’adaptation Ça, c’est du hic, cette Clause 22 !
Forger un mot ne se fait pas aussi facilement en français qu’en anglais.

Voltaire disait :
N'employez jamais un mot nouveau, à moins qu'il n'ait ces trois qualités : d'être nécessaire, intelligible, et sonore. Des idées nouvelles, surtout en physique, exigent des expressions nouvelles ; mais substituer à un mot d'usage un autre mot qui n'a que le mérite de la nouveauté, ce n'est pas enrichir la langue, c'est la gâter.
En l’occurrence, si en anglais on comprend aisément que Catch-22 est le nom donné à un point de règlement de la base, le calque Hic-22 empeste la traduction or l’art de la traduction est quand même de passer inaperçue aux yeux du lecteur.

Il est donc plus judicieux de traduire a catch par un hic mais de traduire Catch-22 par ce que cela représente concrètement, c’est-à-dire la Clause 22.

Nevertheless, if in  That's some catch, that Catch-22! the repetition of catch goes quite smoothly in English, its calque in French  Ça,   c’est du hic, ce Hic-22 ! not so much, unlike the adaptation Ça, c’est du hic, cette Clause 22 !
Coining a word isn't as easily done in French as it is in English.

Voltaire stated:
Do not ever use a new word, unless it has these three qualities: to be necessary, intelligible and resounding. New ideas, especially in Physics, demand new expressions; but to substitute a common word for another word that has no other virtue than of novelty, it isn't increasing the wealth of a language, it's spoiling it.
As it happens, if in English it is quite clear that Catch-22 stands as the given name of a point of the base regulations, the claque Hic-22 reeks of translation, yet the very art of translating  consists in going unnoticed in the reader's eyes.

So it is wiser to translate a catch by un hic but to translate Catch-22 by what it stands for in concrete terms, that is to say la Clause 22.

North American B-25 « Mitchell »
que Joseph Heller pilotait sur le front Italien lors de la 2nde Guerre Mondiale

VII ¤ Traduction du titre

Le titre est important par essence : court ou long, il donne le ton, il intrigue, il suggère quelque chose, il donne envie au lecteur de le lire ou non.
Si l’auteur choisit un titre, il y a une raison. La décision de traduire ou non le titre ne peut se faire qu’après lecture du roman.

Pierre Singer a choisi en 1964 de traduire le titre du roman de Joseph Heller par L’attrape-nigaud. Un attrape-nigaud est par définition une ruse grossière, ce qui va à l’encontre de la subtilité sournoise de la Clause 22.
En outre, le titre choisi par Pierre Singer fait l’impasse sur la spécificité du titre original.
Avec Catch-22, le titre original suggère le point 22 d’un règlement ET un ‘attrape-nigaud’, ce qui n’est pas le cas avec le titre de Pierre Singer où il manque le second élément.

A l’inverse, en 2004 Brice Matthieussent a choisi de ne pas traduire le titre et de le conserver tel quel alors qu’il a traduit Catch-22 par Article 22 tout au long du roman.
Cette décision peut se comprendre. Le contexte du roman est typiquement américain, et le roman a eu un tel succès à sa sortie en 1961 que son titre en est devenu une expression.
Certes, le traducteur explique l'expression dans son Avant-propos du traducteur.
Cependant, expliquer en avant-propos que Catch-22 est une ‘entourloupe’ ET le point 22 d'un règlement afin de situer l'action pour le lecteur francophone, parce qu’on a décidé de conserver le titre original tel quel, brise l’intention même du titre choisi par l’auteur.
Le lecteur américain sait d’entrée de jeu qu’il s’agit d’une ‘entourloupe’ et très probablement du point 22 d’un règlement d'une base de l'USAF.
A moins d'une allusion précise dans le résumé en 4ème de couverture, le lecteur francophone ne comprendra pas forcément le titre original et ne lira pas forcément l’avant-propos. Il sera dans le flou jusqu’au Chapitre 5 où Doc Daneeka énonce clairement que le point 22 est une ‘entourloupe.’
Enfin pourquoi creuser un écart entre le titre et le roman lui-même ?

La raison réside très probablement dans le fait que la dualité du titre original ne se retrouve pas dans Article 22.

D’où ma suggestion Clause 22 pour le titre, qui conserve la dualité du titre original (cf. point VI).

VII ¤ Translation of the title

The title is important in essence: short or lengthy, it sets the tone, it puzzles, it suggests something, it makes the reader want to read or not.
If the author chooses a title, there's a reason. The decision of translating or not the title can only by taken after the read of the novel.

Pierre Singer chose in 1964 to translate the title of Joseph Heller's novel by L'attrape-nigaud. Un attrape-nigaud is by definition a cheap trick, which goes against the sneaky subtlety of the Catch-22.
Moreover, the title chosen by Pierre Singer misses out the specificity of the original title.
With Catch-22, the original title evokes regulations point 22 AND ‘a catch’, which is not the case with Pierre Singer's title in which the second elements is missing.

On the contrary, in 2004 Brice Matthieussent chose not to translate the title and to keep it just it is even though he translated Catch-22 by Article 22 throughout the novel.
This decision is understandable. The context of the novel is American through and through, and the novel was such a hit at the time of its publication the title became a colloquialism.
Granted, the translator gives an explanation of the colloquialism in his Translator's Foreword.
However, to explain in a foreword that Catch-22 was a catch AND regulations point 22 in order to place the plot for the French-speaking readers, because one decided to keep the original title as it was, breaks the very purpose of the title chosen by the author.
The American reader knows right from the start it's about a catch and most likely about the point 22 of a USAF base regulations.
Unless the synopsis on the back cover is clearly alluding to it, the French-speaking reader will not necessarily understand the original title nor would he necessarily read the foreword up untill Chapter 5 in which Doc Daneeka clearly expresses that point 22 is a catch.
Lastly, why digging a gap between the title and the novel itself?

The reason probably lies in the fact that the duality of the original title is missing in Article 22.

Hence my suggestion of Clause 22 as a title, which preserves the duality of the original title (see point VI).

VIII ¤ Traductions possibles de l'expression

Revenons à l’expression à la source de cette réflexion : That’s a real Catch-22.

Si le titre du roman de Joseph Heller est passé dans le langage courant américain, c’est bien qu’il n’existait pas de mot ou d’expression propre à la situation décrite dans le roman. Il n’y a donc pas de réel équivalent à l’expression Catch-22. Celles qui existent sont soit axées sur les perspectives indésirables de chacune des alternatives avec les expressions quoi que tu fasses, t’es foutu et face je gagne, pile tu perds, soit axée sur l’inextricabilité de la situation avec le paradoxe de l’œuf et de la poule.

Il serait complètement absurde de traduire l’expression par Ca c’est une vraie Clause 22 ! La Clause 22 ne renvoie absolument à rien en français.

L'idéal pour la traduction de cette expression, serait de conserver l'idée développée dans le roman de Joseph Heller : a Catch-22 décrit une situation paradoxale où l'on se sent piégé.

Ainsi, on pourrait traduire That's a real Catch-22! par une expression du même registre de langue (familier) : voilà ce qui s'appelle être embourbé dans un paradoxe de situation.
VIII ¤ The colloquialism possible translations

Let's come back to the expression at the source of this reflection: That’s a real Catch-22.

If the title of Joseph Heller’s novel passed into the common American language, it’s that there was no word or expression fitting the situation described in the novel. There is therefore no real equivalent to the colloquialism Catch-22. The existing ones are focused either on the undesirable prospect of each alternative with the expressions damned if you do, damned if you don’t and heads I win, tails you lose, or on the inextricability of the situation with a chicken and egg situation.

It would be utterly absurd to translate the expression by Ca c’est une vraie Clause 22 ! La Clause 22 in French refers to absolutely nothing.

The ideal case for the translation of the expression would be to preserve the developped idea throughout Joseph Heller's novel: a Catch-22 describes a paradoxical situation where a person feels trapped.

And so, That's a real Catch-22! could be translated by an expression of the same language register (informal): that's quite a paradox of situation to get stuck in.

Further readings:

Sources:

14 juin 2014

[Fr] Sassanidescence ¤ [En] Serendipity


[Fr]


[En]

A chaque langage ses propres termes et/ou expressions idiomatiques bien spécifiques. Plus que tout, à chaque langage sa propre culture, ce qui implique que toute langue est susceptible d’avoir des termes supposément intraduisibles.
Serendipity est l’un des 10 termes jugés les plus intraduisibles, ou tout du moins, l’un des 10 les plus difficiles à traduire.

Il y a quelques années de ça, en passant d’une chaîne à une autre, je suis tombée sur un film avec pour tête d’affiche Kate Beckinsale et John Cusask : Un amour à New York. Dans la scène en cours, les deux personnages principaux faisaient connaissance dans une boutique-restaurant du nom de Serendipity. Il s’agissait de la version française du film – à l’évidence – et à l’époque je ne savais pas encore que le terme Serendipity était un mot réel, je me suis juste dit que ça sonnait bien. Puis, le personnage féminin déclarait que la première fois qu’elle était venue à cet endroit c’était à cause de son nom :
[Sara] – La première fois c’était à cause du nom.
[Jonathan] - Hmm.
[Sara] - Serendipity. C’est un de mes mots préférés.
[Jonathan] – Ah oui ? Pourquoi ?
[Sara] – C’est beau à entendre, même si ça veut juste dire « heureux hasard. »
(retranscription de la version française – Un amour à New York)

Bien sûr, comme Serendipity est le nom de la boutique-restaurant – une célèbre enseigne de New York qui plus est – traduire le terme aurait été assez malvenu, d’autant plus que Sara le définit tout de suite.
C’est pour ça qu’à mon avis, la traduction du titre du film n’était pas judicieuse. Pourquoi traduire le titre du film quand l’enseigne en est le thème ? Pourquoi rendre explicite ce qui est implicite ? Pour anéantir ce qui fait la pertinence du titre ? Et tout simplement, pourquoi même changer le titre ?

Mais recadrons un peu notre objectif : la traduction même de Serendipity.

To each language their own peculiar terms and/or idioms. More importantly, to each language their own culture, which actually means that every language might have some virtually untranslatable terms.
Serendipity is deemed to be one of the 10 most untranslatable words or at least of the 10 hardest words to translate.

A few years ago, I came across a film on TV starring Kate Beckinsale and John Cusack: Un amour à New York. The scene staged the two main characters getting acquainted with each other at a store-restaurant named Serendipity. It was the French version of the film – obviously – and at that time I didn’t know yet that Serendipity was a real word, I just thought it had a nice ring to it. But then, the female character said that the first time she came in the place was because of its name:
[Sara] - I first came in because of the name.
[Jonathan] - Hmm.
[Sara] - Serendipity. It's one of my favorite words.
[Jonathan] - It is? Why?
[Sara] - Uh-huh. 'Cause it's such a nice sound for what it means: a fortunate accident.

Of course, since Serendipity is the name of the store-restaurant – well known trademark of New York at that – translating the term would have been quite inappropriate, all the more so with Sara defining it straightaway.
As far as I’m concerned, in that very regard, the translation of the film title was not a happy one. Why would you translate the title when the trademark is the theme? Why make explicit that what is implicit? Why annihilate that what makes the title relevant? And quite simply, why even change the title?

But let’s straighten our focus a bit: the actual translation of Serendipity.

I ¤ Origine

Dans une lettre écrite à Sir Horace Mann (Lettre 90, Jan. 28, 1754), Horace Walpole a inventé le mot Serendipity d’après une traduction anglaise d’un conte perse de Amir Khusrau (1302) – Livre Premier de Hašt Beheštهشت بهشت‎, Les huit Paradis) inspiré d’une légende sur le quinzième roi Sassanide Vahrâm V Gôr « L’Onagre » (420-438), successeur d’un roi tyrannique, Yazdgard I « Le Pêcheur »The Three Princes of Serendip.
Walpole associe une découverte avec un conte lu enfant et dont les héros « faisaient toujours des découvertes, par accidents et sagacité, des choses qu’ils ne cherchaient pas : » une découverte « de l’espèce [qu’il] appel[ait] Serendipity. »

Le conte perse a d’abords été adapté plus que traduit en italien en 1557, supposément par Cristoforo Armeno, Peregrinaggio di tre giovani figlivoli del re di Sarendippo.
La version italienne a été traduite et adaptée en allemand en 1583 par Johann Wetzel Die Reise der Söhne Giaffers (Giaffer étant le roi de Serendip) ; en français en 1610 par François Béroalde de Verville L'Histoire véritable ou le Voyage des princes fortunez, puis en 1719 par le Chevalier de Mailly Les Aventures des trois princes de Serendip.
La dernière version française a ensuite été traduite en anglais en 1722 Travels and Adventures of Three Princes of Sarendip.

I ¤ Origin

In a letter to Sir Horace Mann (Letter 90, Jan. 28, 1754), Horace Walpole coined the word Serendipity based on the English version of a Persian tale by Amir Khusrow (1302) – Book One of Hašt Beheštهشت بهشت‎, The Eight Paradises) inspired by a legend about the fifteenth Sasanian King Bahram V Gur “Onager” (420-438), successor to a tyrannical King, Yazdegerd I “The Sinner”The Three Princes of Serendip.
Walpole associated a discovery with a tale he read once as a child and which heroes “were always making discoveries, by accidents and sagacity, of things which they were not in quest of:” a discovery as “of that kind which [he] call[ed] Serendipity.”

The Persian tale was first adapted more than translated into Italian in 1557, supposedly by Cristoforo Armeno, Peregrinaggio di tre giovani figlivoli del re di Sarendippo.
The Italian version got translated and adapted into German in 1583 by Johann Wetzel Die Reise der Söhne Giaffers (Giaffer being the king of Serendip); into French in 1610 by François Béroalde de Verville L'Histoire véritable ou le Voyage des princes fortunez, then in 1719 by Chevalier de Mailly Les Aventures des trois princes de Serendip.
The last French version got then translated into English in 1722 Travels and Adventures of Three Princes of Sarendip.

Bahram Gur's Skill with the Bow
Calligrapher: Maulana Azhar (d. 1475/76)

II ¤ Une notion qui inspire

En 1748, le conte perse a été le point de départ du célèbre roman et conte philosophique de Voltaire, Zadig ou la Destiné.

A son tour, Zadig et sa sagacité ont inspiré Edgar Allan Poe, et en 1841, sa nouvelle Double assassinat dans la rue Morgue est publiée dans le Graham’s Magazine – le personnage C. Auguste Dupin devient alors le premier détective moderne et Edgar Allan Poe ouvre la voie à un nouveau genre.

Avec la référence explicite dans Une étude en rouge – le premier roman de la série Sherlock Holmes, 1887 – il y a fort à parier qu’Edgar Allan Poe a inspiré Sir Arthur Conan Doyle :
« Expliqué ainsi, c’est assez simple, dis-je [Docteur Watson] en souriant.
Vous me rappelez le Dupin d’Edgar Allan Poe. Je ne supposais pas qu’un
type de ce genre existait en dehors des romans. »

II ¤ Inspirational notion


In turn, Zadig and his sagacity inspired Edgar Allan Poe, and in 1841, he got his short-story The Murder of the Rue Morgue published in the Graham’s Magazine – the character C. Auguste Dupin thus became the first modern detective and Edgar Allan Poe paved the way to a new genre.

With the explicit reference in A Study in Scarlet – the first novel of the Sherlock Holmes series, 1887 – it is a safe bet to say that Edgar Allan Poe inspired Sir Arthur Conan Doyle:
“It is simple enough as you explain it,” I [Doctor Watson] said, smiling. “You remind me of Edgar Allen Poe's Dupin. I had no idea that such individuals did exist outside of stories.”

III ¤ Etymologie

Serendipity est un néologisme issu de l’association de Serendip – ancient nom de Ceylan, le Sri Lanka d’aujourd’hui – et du suffixe nominal –ity : le néologisme alors formé est un nom décrivant un état ou une propriété.

III ¤ Etymology

Serendipity is a neologism made of Serendip – old name of Ceylon, modern Sri Lanka – and of the nominal suffix –ity: the neologism then formed is a noun describing a state or a quality.

IV ¤ Les noms de Serendip

Le nom Serendip vient de l’arabe سرانديب (sarāndīb), du perse سراندیپ (sarândip), du Sanskrit सिंहलद्वीप (siṁhaladvīpa, Ile Demeure-des-Lions).

En grec ancient, l’île était connue sous le nom de Ταπροβάνη (Taprobánē, une translitération du nom pāli Tâmraparnî, feuille de cuivre), ce qui a donné Taprobane en français.

Du temps de la colonisation par la Couronne britannique jusqu’en 1972, l’île était connue sous le nom de Ceylan, ce qui est une déformation du nom cinghalais name ශ්රී ලංකා (śrī laṃkā, terre fortunée).

Puis en 1972, Ceylan abandonne son statut de dominion pour devenir la République du Sri Lanka, reprenant ainsi son nom cinghalais original.

IV ¤ Names of Serendip

The name Serendip comes from Arabic سرانديب (sarāndīb), from Persian سراندیپ (sarândip), from Sanskrit सिंहलद्वीप (siṁhaladvīpa, Dwelling-Place-of-Lions Island).

In ancient Greek, the island was known as Ταπροβάνη (Taprobánē, a transliteration of the Pāli name Tâmraparnî, copper coloured leaf), which gave Taprobane in French.

At the time of the British Crown colonization until 1972, the island was known as Ceylon, which is a distortion of the Sinhalese name ශ්රී ලංකා (śrī laṃkā, resplendent land).

Then in 1972, Ceylon abandoned its dominion status to become the Republic of Sri Lanka, taking again its original Sinhalese name.



V ¤ La notion de Serendipity

En 1754, Walpole parle de Serendipity à l’évocation d’une découverte faite « par accident et  sagacité. »
Dans sa réponse à Walpole, Mann reformule la description faite par Walpole de la Serendipity en « une découverte utile et inattendue faite à la place du résultat escompté, » ce qui revient plus ou moins à la définition donnée en 1880 par Edward Solly – un chimiste anglais.

En 1945, Walter Bradford Cannon – physiologiste de Harvard – définit la Serendipity dans The Way of an Investigator comme « avoir la faculté ou la chance de trouver la preuve de ses idées de manière inattendue, ou bien la découverte par surprise de nouveaux objets ou relations sans les avoir cherchés. »

En 1950, Robert King Norton – sociologue américain – la définit dans Social Theory and Social Structure comme étant « une découverte inattendue anormale stimulatrice de la sagacité de l’investigateur. »

En 1957, Alex Osborn – publicitaire – la définit dans Applied Imagination comme étant « un facteur chance dans une recherche créative, » « un stimulus accidentel déclencheur d’une inspiration créative. »

Cependant, que ce soit le Cambridge Dictionary, le Chambers Dictionary, le Longman Dictionary of Contemporary English, le MacMillan Dictionary ou le Merriam-Webster, le mot Serendipity est définit par « une heureux découverte, inattendue et utile, faite par hasard. »
Pour le Collins et le OED, la définition est pour ainsi dire la même, si ce n’est pour l’absence de la moindre mention quant à l’utilité d’une telle découverte.
Toutefois, pas un seul ne mentionne la sagacité ou la stimulation intellectuelle de l’investigateur, faisant ainsi de la découverte faite par Serendipity le résultat d’un coup de chance dans le langage commun.

V ¤ The notion of Serendipity

In 1754, Walpole talks about Serendipity when evoking discovery made “by accident and sagacity.”
In his response to Walpole, Mann rephrases Walpole description of Serendipity as “a useful and unexpected discovery made instead of the anticipated result,” which is for all intents and purposes the same definition given in 1880 by Edward Solly – an English chemist.

In 1945, Walter Bradford Cannon – an Harvard physiologist – defined Serendipity in The Way of an Investigator as “the faculty or the luck of finding evidences of ideas in unforeseen ways, or the unexpected discovery of new things or relations that were not looked for.”

In 1950, Robert King Norton – an American sociologist – defined it in Social Theory and Social Structure as an “unexpected and anomalous finding stimulating the investigator’s sagacity.”

In 1957, Alex Osborn – an advertising executive – defined it in Applied Imagination as “an element of luck in a creative quest,” “an accidental stimulus triggering the creative inspiration.”

Now, whether it be the Cambridge Dictionary, the Chambers Dictionary, the Longman Dictionary of Contemporary English, the MacMillan Dictionary or the Merriam-Webster, the term Serendipity is defined as “a fortunate, unexpected and useful discovery made by accident.”
For the Collins and the OED, the definition is roughly the same, yet they make no mention of the valuableness of such discovery.
However, none of them whatsoever mentions the sagacity or the intellectual stimulation of the investigator, thus making the serendipitous discovery the result of a lucky strike in common language.

Horace Walpole
by Sir Joshua Reynolds (circa 1756-1757)

VI ¤ Traductions françaises existantes et remarques

En  1954, dans le Vocabulaire de la psychologie, Henri Piéron – psychologue français – crée le néologisme par calque : Sérendipité.
La traduction est donc un anglicisme. Serendipity ou Sérendipité sont tous les deux employés dans les discours scientifiques. Et puisque Serendipity est un néologisme, la traduction de Piéron n’est en soi pas forcément une mauvaise idée.

En 1973, l’Office québécois de la Langue Française propose fortuité comme traduction.
Le problème réside dans la définition donnée par le CNRTL : caractère de ce qui se produit par hasard, de ce qui est imprévu. Il n’y a pas la moindre notion de ce qui est trouvé à la place d’autre chose ou de sagacité. Serendipity est ainsi juste un autre mot pour un événement qui se produit par accident ou par hasard.

En 1985, d’après des textes choisis de De la ville au patrimoine urbain, André Corboz – historien genevois de l’architecture – propose la traduction cinghalisme, faisant ainsi un lien entre l’ancien nom du Sri Lanka, Ceylan. Le mot est un néologisme formé de cinghalais – le terme français qui désigne la langue du Sri Lanka – et du suffixe nominal –isme : le néologisme ainsi formé est un nom décrivant un état ou un propriété.

En 2000,  dans la traduction L’Entreprise créative de Corporate Creativity par Robinson et Stern, heureuse coïncidence a été proposé. Le problème est que coïncidence suggère une pluralité et définit littéralement ce qui est identique ou qui se produit ou existe simultanément, ce qui implique un point de référence connu.
Or Serendipity définit une découverte, en d’autres termes, l’identification de ce qui était jusque là inconnu ou obscur. Heureuse ou non, une coïncidence n’est en aucun cas une découverte.

En 2008, Jean-Louis Swiners suggère zadigacité comme traduction – un mot-valise faisant référence au personnage de Voltaire Zadig et à la sagacité, la perspicacité et l’efficacité entre autres.
Si Serendip est vraiment le nom perse du Sri Lanka, Zadig est lui un personnage fictif créé par Voltaire. Les auteurs français sont connus pour utiliser des noms et références perses pour critiquer la société française. Zadig (Ṣādeq, le véridique) incarne les trois Princes du conte perse. Bien que la traduction proposée par Jean-Louis Swinner ait une tonalité française, ce qui me gêne en tant que traductrice dans cette solution est le fait qu’elle est construite sur une pure invention alors que le nom du pays de la traduction du conte perse n’en est pas une, le Sri Lanka existe vraiment.

En 2011, Henri Kaufman propose la traduction fortuitude – tout comme fortuité – caractère de ce qui se produit par hasard. Si les deux suffixes français –té et –ude sont nominaux et décrivent une propriété ou un état, fortuit est le terme français pour fortuitious est décrit ce qui est imprévu et se produit par hasard. Je ne fais que des suppositions quant à l’étymologie du terme.
Tout comme avec fortuité, il n’y a pas la moindre notion de ce qui est trouvé à la place d’autre chose ou de sagacité. Encore une fois, Serendipity est ainsi juste un autre mot pour un événement qui se produit par accident ou par hasard.

VI ¤ Existing French translations & remarks

In 1954, in his Vocabulaire de la psychologie, Henri Piéron – a French psychologist – created a neologism by using a calque: Serendipité.
The translation is thus an anglicism. Both Serendipity or Sérendipité are actually used in scientific discourses. And since Serendipity is a neologism, Piéron’s translation is not necessarily a bad idea in itself.

In 1973, the Office québécois de la Langue Française proposed fortuité as a translation.
Problem is the definition given by the CNRTL: quality of something happening by chance, of something that is unexpected. There is no idea of something found instead of another or of sagacity. Serendipity is thus just another word for chance or accidental event and fortuity (UK) or for happenstance (US).

In 1985, according to chosen texts in De la ville au patrimoine urbain, André Corboz – a Genevan architecture historian – proposed cinghalisme as a translation, thus making a link with the old name of Sri Lanka, Ceylon. The word is a neologism made of Cinghalais – the French term given to the language of Sri Lanka – and of the nominal suffix –isme: the neologism then formed is a noun describing a state or a quality.

In 2000, in the translation L’Entreprise créative of Robinson and Stern’s Corporate Creativity, heureuse coïncidence is proposed. Problem is coïncidence refers to a plurality and literally means things that are identical or occur or exist simultaneously, which means that there is a known point of reference.
Now, Serendipity is about a discovery, in other words, about identifying and revealing something that has been hidden or obscure until then. Fortunate or not, a coincidence is no discovery.

In 2008, Jean-Louis Swiners proposed zadigacité as a translation – a portemanteau word referring to Voltaire’s character Zadig and to sagacité (sagacity), perspicacité (perspicacity) and efficacité (efficiency) among others.
When Serendip is actually the Persian name of Sri Lanka, Zadig is fictitious character created by Voltaire. It is known that French authors used Persian names and references to criticize French societyZadig (Ṣādeq, the veracious one) impersonates all three Princes of the Persian tale. Though the translation proposed by Jean-Louis Swinner does have a French ring to it, what bothers me as a translator in this solution is the fact that it is constructed on a name invented from scratch when the country’s name of the translation of the Persian tale is no invention, Sri Lanka does exist.

In 2011, Henri Kaufman proposed fortuitude as a translation – just like fortuité – the quality of something happening by chance. If both French suffixes –té and –ude are nominal and describe a property or a quality, fortuit is French for fortuitious and describes something unplanned and happening by chance.  I am only hypothesizing on the etymology of the term.
Just like with fortuité, there is no idea of something found instead of another or of sagacity. Serendipity is yet again just another word for chance or accidental event and fortuity (UK) or for happenstance (US).



VII ¤ Réflexions et propositions

Il est vrai que Serendip est un nom perse, mais du Sri Lanka, pas de la Perse. Serendip a été utilisé dans le titre de la version italienne du conte de Khusrau non seulement pour son exotisme, mais aussi et surtout parce que l’île était le sujet d’actualité en 1555 depuis le début de la colonisation du Sri Lanka – ce qui signifie que la version italienne du conte perse est une trans-traduction qu’une réelle traduction.

Les trois Princes de Serendip auraient pu être Les trois Princes de Perse, ou encore mieux, Les trois Princes de Sassan – du nom du roi fondateur de l’empire Sassanide – le conte perse est inspiré d’une légende du quinzième roi sassanide Vahram V Gôr.

A mon avis, traduire un néologisme inventé de A à Z d’une langue source, décrivant une notion jusqu’alors jamais nommée, par un mot déjà existant de la langue cible qui ne signifierait pas vraiment la même chose que le néologisme de la langue source serait une erreur.

La notion derrière le mot étant nouvelle en anglais – tout comme en français puisqu’il n’existe aucun mot français qualifiant cette notion – l’idée de l’anglicisme n’est pas nécessairement une mauvaise option.

Cependant la mélodie du terme doit aussi être prise en compte au moment de la traduction d’un tel mot nouveau. Puisque le mot est un néologisme inventé de A à Z, autant en reproduire l’harmonie et le rythme.

Si le mot anglais Serendipity (/ˌsɛ.rɛn.ˈdɪp.ə.ti/) est harmonieux et roule sur la langue, pour le mot français Sérendipité (/se.ʁɑ̃.di.pi.te/) ce n’est pas vraiment le cas.
Si le ‘r’ se prononce /r/ – une consonne roulée alvéolaire voisée ou R roulé – en anglais, le ‘r’ se prononce /ʁ/ – une consonne fricative uvulaire sonore ou R guttural – en français.
De la même manière, si le ‘en’ se prononce /ɛn/ – une voyelle semi-ouverte d’avant suivi d’une consonne alvéolaire nasal – en anglais, le ‘en’ se prononce /ɑ̃/ – suivi d’une consonne nasale le /ɛ/ devient /ɑ̃/ – en français.
Puis, par association des deux sons, si en anglais le ‘ren’ de Serendipity est un son léger presque délicat /rɛn/, c’est pour ainsi dire l’exact opposé en français pour le /ʁɑ̃/ de Sérendipité – un son sourd, lourd presque violent.

La notion d’ouverture d’esprit suggérée par le mot Serendipity est alors pratiquement étouffée par la sonorité du mot Sérendipité. D’où l’idée de conserver cette subtilité dans la traduction du mot Serendipity.

Je propose le néologisme Sassanidescence /sa.sa.ni.de.sɑ̃s/ comme traduction française du mot anglais Serendipity.
Avec le suffixe nominal français –escence, qui définit un état ou une propriété tout comme –ité, le néologisme évoque le mot Intelligence et ainsi l’ouverture d’esprit inhérente ; et bien que Sassanidescence ne soit pas un calque réel de Serendipity, il y a un même nombre de syllabes.
Le rythme fluide de Serendipity est conservé et Sassanidescence renvoie directement au conte perse et à Vahram V Gôr, roi de l’Empire Sassanide.

Pour finir, voici mes traductions :
 ¤ Sassanidescence for Serendipity.
 ¤ Sassanidescent for Serendipitous.
 ¤ Sassanidicien for Serendipist.

La forme verbale n’existe pas, et pour cause ! Une découverte ne peut être décrite comme étant sassanidescente qu’APRES avoir fait la découverte. C’est l’évidence même !

VII ¤ Reflections & propositions

Admittedly, Serendip is a Persian name, but of Sri Lanka not of Persia. Serendip was used in the title of the Italian version of Khusrow’s tale not only for its exotic flavour, but also and foremost for the fact that the island was topical in 1555 since the colonial period of Sri Lanka had begun – meaning that the Italian version of the Persian tale is more of a trans-translation than an actual translation.

The Three Princes of Serendip could have been The Three Princes of Persia, or even better, The Three Princes of Sasan – after the founder of the Sasanian (or Sasanid) Empire – the Persian tale was based on a legend of the fifteenth Sasanian King Bahram V Gur.

In my opinion, it would be a mistake to translate an invented-from-scratch neologism of a source language, describing a notion never named until then, with a word already existing in a target language that doesn’t have the exact same meaning of the source language neologism.

The notion behind the word being new in English - and in French, since there is no word in French naming the notion – the Anglicism option is not necessarily a bad idea.

But the musicality of the term also has to be taken into account for the translation of such a new word. Since the word is a neologism invented from scratch, we may as well reproduce the harmony and the rhythm of it.

If the English Serendipity (/ˌsɛ.rɛn.ˈdɪp.ə.ti/) is harmonious and rolls off the tongue, the French Sérendipité (/se.ʁɑ̃.di.pi.te/) not so much.
When the ‘r’ is pronounced /r/an alveolar trill consonant or rolling Rin English, the ‘r’ is pronounced /ʁ/ – a voiced uvular fricative consonant or guttural R – in French.
Likewise, when the ‘en’ in pronounced /ɛn/ – a mid-open front vowel followed by a voiced alveolar nasal – in English, the ‘en’ is pronounced /ɑ̃/ – followed by a nasal consonant /ɛ/ becomes /ɑ̃/ – in French.
Then, by associating both sounds, when the ‘ren’ of Serendipity is a light almost delicate voiced sound in English /rɛn/, it is quite the opposite in French – heavy almost brutal unvoiced sound – for the /ʁɑ̃/ of Sérendipité.

The notion of open-mindedness suggested by the word Serendipity is thus quite muffled by the sound of the word SérendipitéHence the idea to keep this subtlety in the translation of the word Serendipity.

I propose the neologism Sassanidescence /sa.sa.ni.de.sɑ̃s/ as a French translation of the English word Serendipity.
With the French nominal suffix –escence, which qualifies a state or a property just like –ité, the neologism evokes the word Intelligence and thus the inherent open-mindedness; and though Sassanidescence is not a real calque of Serendipity, there is a match in the number of syllables.
The flowing rhythm of Serendipity is maintained and Sassanidescence refers directly to the Persian tale and to Bahram V Gur, king of the Sasanid Empire.

Finally, here are my translations:
 ¤ Sassanidescence for Serendipity.
 ¤ Sassanidescent for Serendipitous.
 ¤ Sassanidicien for Serendipist.

The verbal does not exist, and for good reasons! A discovery can only be described as serendipitous AFTER making the discovery. That’s quite obvious!


Further readings:

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